Dans Paris libéré, de Gaulle descend les Champs-Élysées en triomphateur. À lui, revient la charge de relever un pays exsangue et nul ne songe alors à contester son autorité. En quelques mois pourtant, l’unité forgée dans la Résistance vole en éclat, les querelles partisanes reprennent le dessus. De Gaulle, peu enclin au jeu politique, s’épuise en luttes stériles. Le dimanche 20 janvier 1946, il annonce brutalement sa démission. Sans doute espère-t-il que son départ créera un choc salutaire et que les Français le rappelleront dans les semaines qui suivent. Mais rien de tel ne se produit. La IVe République s’affermit, le pays se redresse, le souvenir de la guerre s’estompe. Ainsi commence pour Charles de Gaulle ce que l’histoire nommera «la traversée du désert ». Douze ans de solitude, d’espérances déçues et d’amertume. Heureusement, la rédaction de ses Mémoires occupe quotidiennement le Général Pourtant, de Gaulle se morfond. Les rudes affrontements avec Churchill et Roosevelt ont laissé place à la médiocrité de ses adversaires du moment. D’où viendra l’étincelle ? Quel événement, quelle situation imprévue pourra le ramener à la tête du pays ?