En Egypte ancienne, la XVIIIe dynastie de pharaons régnait dans la gloire et la richesse. Les objets précieux retrouvés dans les sépultures et les ornements d'or des tombeaux apportent un témoignage de ce passé opulent. Toutefois, seule la tombe de Toutankhamon a été découverte intacte. Pour les autres, le travail des pillards a malheureusement détruit d'innombrables sources. De récentes fouilles ont néanmoins permis de découvrir quelques sites encore intacts qui permettent de se faire une idée plus précise de la richesse des pharaons. En revanche, l'évaluation du niveau de vie de la population s'avère bien plus difficile. Le Nouvel Empire est la période la plus prospère de toute l'histoire égyptienne. C'est une période de raffinement et d'évolutions qui s'étale sur un peu plus de cinq siècles, formé de trois dynasties, la XVIIIème, la XIXème et la XXème. L’histoire de la XVIIIe dynastie, durant deux siècles, n’est que celle d’une série de triomphes, aboutissant à l’apogée de la puissance et de la civilisation égyptiennes. Thoutmosis 1er, après plusieurs campagnes en Asie, franchit l’Euphrate, sans doute non loin de Karkémich, l’actuelle Djerablous, et dresse une stèle. La mort de Thoutmosis II et le règne d’une femme, Hatshepsout, sans interrompre tout à fait les exploits militaires, les laissent en sommeil, mais la Reine, reprenant une antique tradition, organise au pays d’Oponé une expédition fructueuse qui rapporte à Thèbes, or, ivoire, bois précieux, plumes d’autruches, peaux et arbres à encens. A la mort de la Reine, un enfant royal, Thoutmosis III, choisi depuis son enfance par le dieu Amon pour être Roi mais maintenu dans l’ombre par sa despotique tante souveraine, efface le nom de celle-ci sur les monuments qu’elle avait construits, les détruit et les remplace par les siens. Doué d’une volonté et d’une ténacité rares, il reprend les opérations militaires au Soudan et atteint la quatrième cataracte, en annexant pratiquement le pays. En Asie, au cours de dix-sept campagnes, il remporte une victoire à Meggido, et, le terrain libéré, remonte peu à peu vers le Nord, franchit l’Euphrate et retrouve la stèle érigée par son aïeul, Thoutmosis 1er. Durant les deux dynasties suivantes, aux XIIIe et XIIe siècle av. J.-C., le niveau de la culture demeure élevé et l’art produit toujours des chefs-d’œuvre. L’Empire, partiellement reconstitué, demeure puissant, les pharaons guerroient et se font creuser de somptueux tombeaux dans la vallée des Rois, mais deux faits importants demeurent des signes avant coureurs de la décadence à venir. Le premier est d’ordre extérieur. A deux reprises, sous Minephtah d’abord puis sous Ramsès III, les peuples de la mer, confédérés, fuyant une nouvelle poussée indo-européenne venue du Nord, attaquent l'Egypte. Celle-ci a encore la force de les repousser mais l’avertissement est sérieux, car la lutte fut dure et presque indécise. Le second fait est plus grave, parce qu'il témoigne d’une décomposition intérieure. Le dernier des grands Rois d’Egypte, Ramsès III, après un règne de trente ans, se vit en butte à une conspiration dans son harem. Les juges eux-mêmes se laissent corrompre par des comparses et se retrouvent au banc des accusés. Un pareil scandale trahit une société ruinée du dedans, par le refus de subordonner au bien public les intérêts particuliers, et c’est un indice évident de dégradation. La moralité individuelle n’est guère meilleure, car peu de temps après le drame de la succession royale, un prêtre réussit à voler les biens du dieu, à corrompre des femmes mariées, à mettre à mal ceux qui tentaient de le ramener au devoir. Traduit en jugement, il dut être acquitté, car on le retrouve plus tard nanti de grades supérieurs à ceux qu’il possédait au temps du procès. Pourtant, après l’épisode d’Amarna, la renaissance de l'Egypte avait été brillante. Séthos 1er avait repris les armes en Palestine, et Ramsès II avait même tenté de reconstituer l’empire de Thoutmosis III en ayant remporté sur les hittites, durant la cinquième année de son règne, près de Qadech sur l’Oronte, une victoire que les écrivains du temps chantèrent en un poème épique. Comprenant que les événements internationaux de l’Asie antérieure jouaient un rôle de plus en plus important, il transporta sa capitale à l’Est du delta, à Pi-Ramsès, que construisirent en partie les hébreux installés dans les parages. Peu à peu cependant, il substitua la diplomatie à la guerre et, quatorze ans après la bataille de Qadech, il signait avec Hattousilis, Roi des hittites, un traité célèbre dont le texte nous est parvenu en égyptien et en akkadien, et alla même jusqu’à épouser une princesse hittite...